Expo - "Walking Trees"

La grande marche des arbres
Sous l’effet du réchauffement climatique, les arbres de nos régions affrontent des périls inédits. Le manque d’eau et la montée des températures fragilisent leur équilibre, ouvrant la voie à la prolifération des scolytes, ces insectes minuscules qui dévorent nos forêts. Ainsi s’éteignent, lentement, les épicéas, les châtaigniers, les frênes, les hêtres ou encore les sapins.
Certains, pourtant, résistent. Leurs racines plongent plus profondément, leurs feuillages retiennent mieux l’humidité, leur respiration se fait plus mesurée. Le chêne vert, par exemple, incarne cette capacité à survivre. Mais la solution ne réside pas dans l’importation hâtive d’espèces exotiques : seules les essences indigènes, nourries par la mémoire des sols et des climats locaux, sauront s’adapter pleinement à ces mutations.
Antony Squizzato, lui, se tient dans cette tension entre menace et espoir. L’été, la chaleur l’accable, l’enferme, jusqu’à éveiller en lui une forme d’éco-anxiété. Privé de lumière, il se réfugie dans l’ombre, contraint de tourner son regard vers l’intérieur, vers un imaginaire où se dessinent d’autres possibles.
De ce retrait naît la série "Walking Trees". Ici, les arbres, fatigués de l’inaction des hommes, se métamorphosent en voyageurs. Dotés de jambes, ils quittent leurs terres brûlées et s’élancent vers des contrées plus clémentes. Cette fable végétale entre en résonance avec les migrations humaines déjà en cours, celles provoquées par la montée des eaux ou par l’assèchement des sols, et avec celles à venir, inévitables, qui feront de l’eau un enjeu vital et disputé.
Le langage plastique de Squizzato, fidèle à lui-même, demeure limpide et tranchant : aplats vibrants, graphisme minimal, compositions claires.
Mais derrière cette apparente légèreté se cache un propos grave. L’artiste choisit d’aborder l’urgence climatique avec une esthétique lumineuse, presque ludique, comme un cheval de Troie : l’œil est séduit, puis l’esprit s’arrête, s’interroge, s’inquiète.
Antony Squizzato, c'est qui ?En 2014, après quinze années consacrées à la direction créative dans le marketing digital, Squizzato décide de clore son aventure entrepreneuriale. Ce choix décisif lui ouvre la voie à une aspiration de longue date : étendre son univers pictural à travers une pluralité de médiums. Dès lors, les heures passées dans son atelier ont vu naître un style, une grammaire visuelle qu’il baptise « Nouveau Constructivisme ».
Artiste pluridisciplinaire, porté par une curiosité insatiable et un esprit ludique, son travail reflète un monde lancé dans une accélération continue depuis l’après-guerre. Entre cynisme assumé et métaphores poétiques, il explore les dualités propres à l’individu, au couple, au collectif et à leurs espaces de vie. Admirateur fervent de Paul Klee, il adhère pleinement à la philosophie des Shadoks, inspirée par le maître lui-même : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »
Ses œuvres se déploient en séries distinctes, chacune affirmant une démarche singulière. Certaines, précises et méthodiques, s’inspirent de l’architecture et de l’abstraction géométrique ; d’autres, plus instinctives et brutes, donnent à voir des portraits déformés, des instants éphémères ou des êtres perdus dans leur solitude contemporaine. Il aime jongler entre les outils traditionnels de la peinture en atelier et l’usage intensif des nouvelles technologies, afin de rendre la technique secondaire, de placer l’émotion au premier plan et de bâtir une œuvre à la fois classique et contemporaine.
Depuis 2015, son travail est régulièrement exposé et intégré à des collections privées à travers le monde.